U-Boot fantôme (Le)

U-Boot fantôme (Le) Critique de Vivien Arzul

Parution: 18 septembre 2019
1 édition recensée
Cette nouvelle série constituée de récits complets explore le monde uchronique de Wunderwaffen aux côtés du Korvettenkapitän Richard Wolfart, enquêteur spécialisé dans les dossiers à problèmes de la Kriegsmarine. Pourquoi et comment un croiseur (...)

La seconde guerre mondiale est une source d’inspiration inépuisable pour tous types d’auteurs. Depuis 2012, le duo Richard Nolane au scénario et Maza au dessin nous fait revivre les heures sombres de l’Europe à travers une série d’uchronie surprenante qui a même envoyé les nazis dans l’espace. Ils reviennent cette fois-ci pour aborder le conflit sous un angle fantastique sur fond de renseignements et de missions top secret

L’histoire en deux mots :
En 1918, dans les dernières heures de la guerre, le fleuron des submersibles allemands livre bataille non loin des Bahamas avec la marine américaine. Après un violent combat, le sous-marin est tenu de faire surface, mais pris dans un mystérieux nuage l’équipage disparait mystérieusement. En 1945, le bâtiment réapparait étrangement au même endroit et pousse les nazis a enquêter sur ce mystérieux U-Voot fantôme.

Le scénario :
Le récit a beau être une uchronie, il s’appuie sur des réalités historiques tangibles qui rendent crédible ce milieu du XXème siècle. On retrouve les grandes figures historiques de l’époque comme Heinrich Himmler qui supervise la découverte, et bon nombre d’autres sont évoqués tout au long du récit.
Le scénariste a su construire son récit teinté de fantastique sur la fascination des nazis pour le paranormal et leurs nombreuse recherches sur le sujet. En associant cet attrait au mythe du triangle des Bermudes, il traite un spectre très large de possibilités scénaristiques tout en impliquant le lecteur dans une légende bien connue.
Richard Nolane axe son intrigue sur deux fronts. Le premier sur la guerre en elle-même, montrant la férocité des combats mais aussi détaillant scrupuleusement les moyens d’attaque et de défense de l’époque. Puis la partie fantastique, avec une histoire d’esprit crédible qui ne tranche pas avec le ton sérieux du tome. Cet aspect se révèle au fil des pages véritablement fascinant et le lecteur se trouve embarqué dans cette chasse aux esprits perdu. Le scénariste parvient à un équilibre parfait entre les deux aspects de l’histoire de manière à ce que les fracas de la guerre n’éclipsent pas l’incroyable découverte, ou vice-versa.
Enfin, l’auteur aborde intelligemment les machinations politiques au sein du parti nazi et montre toute la complexité de l’art du renseignement créant des sous intrigues passionnantes et lourdes de conséquence pour la suite.

Le dessin :
Maza n’en est pas à son tour d’essai dans la réalisation de récits de guerre, et il maîtrise le sujet. On peut observer cela dès la couverture qui démontre son adresse dans la reproduction de machines de guerre avec ce sous-marin sous le feu ennemi. La réalisation quasi photographique du matériel de l’époque témoigne de l’intérêt et du grand travail du dessinateur pour chacune de ses planches. Grâce à cette rigueur graphique, le lecteur se trouve immédiatement plongé dans le conflit et l’époque. Le tumulte des batailles est parfaitement rendu grâce notamment à des cases choc comme lorsqu’un marin est coupé en deux à cause du feu de l’adversaire ou encore la violence des combats aériens et la brutalité des crashs saisissante.
Maza aborde la partie surnaturel avec pudeur, ses spectres ne sont grandiloquent et souligne l’aspect fantastique du tome apportant un soupçon de crédibilité dans cet environnement hors norme.
L’ambiance graphique est un peu statique dans l’ensemble, mais se veut dans la grande lignée de la bande dessinée franco-belge et ne manque pas d’un certain dynamisme dans les phases de combats notamment. La mise en couleur se montre remarquable dans les passages sous-marins et transporte véritablement le lecteur dans les abysses en fin de tome.

Cette nouvelle franchise de Wunderfaffen est une réussite et montre le talent de son scénariste pour évoquer tous les aspects de la guerre. Cette uchronie rigoureuse plaira autant aux férus d’histoire qu’aux amateurs de bande dessinée franco-belge classique. Le tout illustré par un trait maîtrisé nous propulsant aussi bien dans la confusion des combats que dans les mystères de l’espionnage.

Par Vivien Arzul.
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