Blame ! Deluxe 6

Blame ! Deluxe 6 Critique de Vincent Lapalus

Parution: 16 octobre 2019
1 édition recensée
Une très longue période s’est écoulée depuis l’affrontement cataclysmique contre Daphine Lu-Linvega qui a vu l’immobilisation de Killee et le téléchargement d’une contre-mesure de dernier niveau dans le corps de Shibo. Mais l’agence (...)

Et voici l’ultime volume sur la marche sans fin de Killy l’immortel. La quête sur sa recherche de gène actif humain se termine dans l’architecture délabrée de cette planète artificielle, étendue d’immondices de béton interminable à la limite de l’infini. C’est la fin du combat entre l’être humain amélioré contre les bâtisseurs, création des hommes pour étendre les mégas-structures et responsables du génocide de l’homo-sapiens, des Siliciés, humanoïdes modifiés et de l’Agence Gouvernementale, soit-disant dernier bastion de l’humanité.

Séparé de Shibo, la femme synthétique qui l’accompagne depuis les débuts, le gunfighter indestructible arrive au bout du chemin. Les bâtisseurs, ces êtres techno-organiques, mènent la vie dure à Killy et sa partenaire dans le but de les arrêter coûte que coûte. Si Killy trouve de l’ADN humain, il pourra enrayer ce pour quoi ont été créés ces édificateurs génocidaires et stopper la machine définitivement. Il se fraye un chemin à grands coups de pistolet dématérialisateur, pulvérisant ennemis et bâtiments. Il doit absolument retrouver Shibo pour s’emparer de la sphère dont elle est porteuse pour non plus interrompre la bonne marche des bâtisseurs, mais trouver un endroit apte à l’éclosion de la sphère et voir naître l’oeuf ultime contenant le dernier être humain.
Mission accomplie dans ce dernier tome, sans pour autant payer le prix du sacrifice. Killy monte des étages sur des milliers de kilomètres et trouve un but à son existence. Il est froid, méthodique et sanguinaire. Le visage blême, il tire tous azimuts pour tracer son chemin et mener au mieux la mission qui lui a été confiée. Ne trouvant sur son passage que des consciences immatérielles sous forme de clés USB comme seul restant de l’homme.

Tsutomu Nihei conclut cet infatigable itinéraire par une petite lueur d’espoir dans ce manga édité en fin d’année 90 et terminé début 2000. Il sent bon le “dark” et la rage des débuts, et c’est un plaisir de la retrouver dans une belle édition grand format et compilée.
Que se soit au scénario ou au dessin, tout n’est pas parfait, mais l’intérêt réside dans le fait de suivre les mésaventures d’un personnage sortit de nulle part et montant des étages inlassablement. Le pitch est rapide et simple, mais le résultat a un côté hypnotique et captivant, avec cet individu sans âme ni remord. On suit avec bonheur les déambulations bétonnées de Killy, où l’intérêt réside non pas dans sa conclusion mais par le cheminement tortueux de son héros.

Côté dessin, le mangaka travaille seul et sans assistant. Son trait enragé est soutenu par de grands aplats d’encre de chine, parfois brouillons ou confus, mais très dynamiques. Ses décor à géométrie variable possèdent un design ténébreux, obscur et ombreux, très loin du manga commercial. La force de cet artiste lui vaut de capter l’attention du lecteur avec un univers cyber-archéo-punk-techno-existentiel, quelque chose de peu courant, et qui en fait un indémodable du genre.

Blame ! peut paraître difficile d’accès au premier abord de par ses thématiques et son esthétique identitaire et identifiable, mais se révèle passionnant une fois qu’on s’y plonge.

Par Vincent Lapalus.
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