
50 nuances de gras 1 Critique de Vincent Lapalus
Naoe, jeune-homme sans histoire, travaille dans un centre de chiropraxie. Il aime son métier, et surtout soulager ses contemporains de leurs petits soucis ou tracas dus à leur organisme. Il les manipule, les soulage, les conseille afin d’éviter tout effet néfaste pour leur santé. Il exerce en compagnie d’Akiho, quadra célibataire, professionnelle et chef mais qui abuse sur la boisson après sa dure journée de labeur. Naoe aime regarder sa supérieure, il n’est pas insensible aux formes généreuses déployées par la dame.
Mais un jour Naoe va faire une bien étrange rencontre en la personne de Erufuda, patiente rondelette possédant un petit bidou en forme de brioche moelleuse. Elle a un besoin pressant de perdre du poids faute de ne pas pouvoir rejoindre la forêt familialle. Forêt me direz-vous ?! Et oui, après consultation et manipulation, Naoe va vite s’apercevoir qu’il n’a pas à faire à un être humain normal, mais une elfe très portée sur le tubercule huileux que l’on nomme plus communément frite dans notre belle contrée. Erufuda est tellement portée sur la gastronomie calorique du bâtonnet de pomme de terre cuit par friture, qu’elle doit absolument perdre ses kilos en trop. Elle doit repasser la porte par laquelle elle est arrivée dans notre civilisation avec exactement le même poids qu’au départ. Défi relevé par le chiropracteur, qui va aider la sylphe à grandes oreilles à perdre sa masse superflue et regagner son bois familier. Challenge réussi, la belle pourra rentrer chez elle grâce au secours de Naoe...mais ne la croise-t-il pas une semaine plus tard dans un fast-food à dévorer des paquets de frites avec entrain. La demoiselle a de nouveau craqué pour la nourriture non-elfique et rebelote, le jeune-homme devra une fois de plus se charger de son métabolisme et de son bien-être.
Dans les chapitres suivants, Naoe va se rendre compte que notre société est envahie d’êtres féeriques en tout genre. Il aidera et fera la connaissance d’une elfe noire travaillant dans la supérette du coin, ayant des problèmes de croupion hypertrophié qui cause des cassures de strings abaissant son pouvoir magique. Que dire de la sirène, poissonnière de surcroît, à la peau molle comme du flan se faisant des bains d’eau non-calcairisée ? En passant par la mandragore fleuriste, qui posséde des problèmes de mauvaise posture et de courbatures. Sans oublier l’ogresse alcoolique, qui par son excès de boissons passe un temps fou dans un sauna pour perdre elle aussi son ventre. Et pour finir avec la louve pratiquant le régime pour éliminer toutes les offrandes culinaires faites par l’homme. En bref Naoe est plutôt bien entouré et se retrouve souvent dans des situations inhabituelles à gérer.
Synecdoche traite les sujets du paraître et de l’accumulation excessive de graisse surtout dans sa galerie de la gente féminine avec beaucoup d’humour, allant jusqu’à je ne sais quel degré, voire à la limite du potache. Avec beaucoup de dérision et de plaisanterie, il nous passe la pilule avec un esprit "déboutonné" et surtout une avalanche de gags en dessous de la ceinture. Après on apprécie... ou pas. On peut surtout savourer le message pédagogique à chaque chapitre. L’auteur brise le quatrième mur pour s’adresser directement au lecteur et lui donner des conseils de santé et bien-être via Naoe à ses patientes, avec les différents exercices à pratiquer de manière hebdomadaire pour se sentir bien dans son corps et dans sa tête. Un bon point à relever.
Côté dessin, comme il est de coutume dans ce genre d’ouvrage, les perspectives et les courbes des personnages féminins défient les lois de la gravité. La fête de la croupe et de l’appareil poitrinaire prépondérant servent des cadrages tout en profondeur. On peut se demander comment toutes ses magnifiques créatures pourtant grassouillettes et charnues tiennent debout malgré tout. Le trait se veut sensuel, tout en rondeur pour mieux épouser les formes généreuses de ces donzelles. Un titre fortement pensé pour le lectorat masculin, qui affole les papilles du gaillard mais fera sourire ou exaspérer le sexe opposé.
Au final, 50 nuances de gras se veut une lecture amusante, cocasse à consommer avec une bonne dose de sauce pommes frites.