Ossi - Une vie pour le football
Oneshot

Ossi - Une vie pour le football Critique de Vivien Arzul

Parution: 5 juin 2019
1 édition recensée
Né à Mannheim en 1912, le jeune Oskar Rohr se passionne pour un sport alors encore jeune : le football. Prodige du ballon rond, celui que l’on surnommera « Ossi » intègre à 18 ans le FC Bayern Munich. Sa carrière est rapidement bouleversée par (...)

Le football est sans nul doute le sport le plus populaire dans le monde et cristallise passion et ferveur par l’intermédiaire de ses joueurs, portés pour certains au rang de légendes. La bande dessinée évoque le sujet par l’intermédiaire de l’humour, de l’aventure ou à l’occasion de grand rendez-vous sportif. Peu nombreux sont les auteurs qui s’attarde sur le destin d’un joueur pour lever le voile sur une vie et une carrière prodigieuse.
Julian Volog et Marcin Podolec ont décidé de nous en apprendre plus sur l’histoire du football en racontant l’existence admirable d’Oskar Rohr, un joueur légendaire dans un Allemagne en proie à la montée du nazisme.

L’histoire en deux mots :
En 1932, dans un stade plein à craquer, la finale du championnat d’Allemagne débute sous un soleil radieux. Au bout de quelques minutes de jeux Oskar Rorh, jeune attaquant du Bayern, se dirige balle au pied vers le but adverse. Alors qu’il s’apprête à tirer, il se revoit enfant marquer dans sa chambre avec des chaussettes en guise de ballon.
Ce ballon qui va guider sa vie, lui faire vivre son rêve en devenant footballeur professionnel et accomplir au fil des buts un prodige ayant marqué son époque.
De l’entre-deux guerres à l’avènement du Troisième Reich, le football restera pour Ossi Rohr l’unique voie à suivre pour vivre en adéquation avec ses idéaux.

Le scénario :
Le scénariste parvient avec brio à la fois à raconter un destin formidable tout en rendant palpable la passion pour le football par le personnage principal. Ce récit est un vibrant hommage à ce sport et aux pionniers qui lui ont donné ses lettres de noblesse. L’auteur a su montrer la liesse montante pour ce loisir dans une Allemagne qui tente d’oublier les restrictions de l’entre-guerres. Le tome fourmille d’anecdotes et d’informations sur le football de l’époque, telle que la raison de l’introduction de ce sport dans le pays ou encore ses différents promoteurs. Ce type d’informations apporte au récit en plus d’une grande exactitude un aspect informatif suscitant la curiosité du lecteur au fil des pages.
Le scénariste s’est surpassé pour véhiculer la passion débordante d’Ossi pour son sport. La construction narrative en miroir entre la finale de 1932 et son enfance est une bonne idée car elle permet de découvrir son parcours tout en sachant que son but est atteint en découvrant comment il va l’atteindre. Ce procédé évite l’écueil d’une explication pompeuse prenant le risque de perdre le lecteur.
L’auteur excelle dans la rédaction de ce destin hors du commun d’un point de vue sportif mais aussi personnel, en n’omettant aucun aspect de la vie de l’homme. En effet, il aborde justement les relations avec une famille qui va le soutenir dans son rêve malgré une incompréhension pour ce dernier. Il évoque à merveille aussi l’évolution de sa vie d’homme et ses bouleversements. Mais là où le scénariste parvient à rendre l’intrigue palpitant, c’est en la juxtaposant au contexte historique, la montée du nazisme et ses dangers sont parfaitement décrits ainsi que l’arrivée de la guerre dans sa vie. Il traite également des procédés fallacieux pour emprisonner des opposants politiques de la part des nazis ancrant un peu plus l’histoire dans la grande Histoire.
Enfin, Julian Volog dépeint justement le caractère d’une homme passionné qui ne voit dans la guerre que l’opposé de ce qu’il ressent.

Le dessin :
De prime abord, le trait de Marcin Podolec peut un peu décontenancer mais l’ambiance crayon de couleur du tome colle parfaitement au style suranné de l’époque. Cet aspect crayonné apporte un charme indéniable à l’album pour son aspect carte postale ancienne de certaines cases. Le dessinateur utilise également tout au long du tome un jeu de flou permettant de mettre en exergue un personnage ou une action. Ce procédé est particulièrement judicieux lors des phases sportives permettant de focaliser l’oeil du lecteur sur un joueur et donner à la foule des stades une allure trouble. Ce qui est frappant lors des matchs, c’est la juste décomposition des mouvements d’Oskar Rohr qui témoigne du grand travail de recherche de l’auteur pour rendre au lecteur l’ambiance de rencontres. Cette retranscription quasi photographique permet de voir à la fois la technique des joueurs mais aussi la tension des instants décisifs comme le penalty de la finale.
Marcin Podolec dépeint parfaitement aussi la violence et la cruauté des nazis avec des cases très fortes qui font souvent de pleines pages afin de marquer le lecteur.
Enfin, le dessinateur exploite à merveille le découpage de ses planches pour faire ressentir au mieux aux lecteurs l’atmosphère d’un moment comme lors du retour à Munich de Rohr où l’on perçoit sa solitude et son isolement à travers les trois cases qui le mènent à l’obscurité du tunnel du stade.

Ossi, une vie pour le football est une réussite totale qui dépeint un destin incroyable guidé par une passion qui a transcendé un homme pour en faire une légende.
Ce tome a le mérite de remettre sur le devant de la scène un grand prodige du football qui par ses actions sportives et une vie extraordinaire possède tout pour être au panthéon des grands hommes.

Par Vivien Arzul.
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