Piment rouge et alcool blanc

Piment rouge et alcool blanc Critique

22 mai 2019 - Album 46 pages - Édité par Soleil

Dans le petit monde de la bande dessinée franco-belge certaines séries comme Kogaratsu traitent de l’illustre caste des samurais avec rigueur et emporte le lecteur dans ce japon aux guerriers de légende.
Jean-François Di Giorgio et Christina Mormile poursuivent la saga de leur samurai, entre mythe et réalité, pour le plus grand plaisir de leurs lecteurs.

L’histoire en deux mots :
Takeo se souvient de l’époque bénie où il coule des jours heureux avec sa bien-aimée Sayuri, sa demande en mariage rocambolesque et la quiétude d’une vie sans combat. Alors qu’il est arraché à ses souvenirs par son hôte, à Osaka une bande de mercenaires récupère le dernier fragment du Ionuchi, une relique permettant d’invoquer un terrible démon. Takéo va se retrouver mêlé à ce funeste dessein et va tout faire pour le contrecarrer.

Le scénario :
Samurai est une série qui gagne en profondeur et en richesse à chaque tome, ce treizième n’y échappe pas. Jean François Di Giorgio organise son histoire sur deux axes principaux. Les souvenirs de Takeo et la machination diabolique dans laquelle le héros va se retrouver entraîné. Le premier axe est un bonheur à parcourir tant il apporte une profondeur infinie au personnage avec son inspiration à une vie simple, loin de la voie du sabre. Cet axe plonge doucement le lecteur dans le récit et l’accompagne avant le tumulte des affrontements. De plus l’évocation de Sayuri en début de tome n’est pas anodine, elle devient un fabuleux ressort scénaristique en fin de tome.
La deuxième orientation du récit est plus portée sur l’action et montre l’aisance du scénariste dans la construction d’une intrigue haletante et riche. En effet, il a ajouté à cette partie des sous-intrigues déroutantes qui gardent le lecteur en alerte tout au long de l’album. L’utilisation des légendes Japonaises transporte littéralement le lecteur dans le Japon des yokaïs. Avec cette évocation réussie, le scénariste invite les lecteurs à découvrir les nombreux mythes du soleil levant.
Enfin, le personnage de Takeo est charismatique, d’une profondeur rare et véhiculant des superbes valeurs. Il est les personnages auxquels on a envie de s’identifier et de vivre des aventures à ses côtés.

Le dessin :
La grande force du tome réside incontestablement dans sa partie graphique qui frappe dès la superbe couverture du tome. La dessinatrice qui a repris la série depuis trois volumes montre son talent dès la couverture, parvenant à capter la force, la détermination et l’expérience au combat du personnage principal en une illustration.
Christina Mormile retranscrit à merveille les deux phases du scénario. Avec une mise en page plus aérée et un trait plus doux pour le souvenir montrant la quiétude du moment mais aussi la douceur de l’instant. Elle parvient à rendre palpable l’émotion entre les personnages. Alors que sont trait deviennent plus nerveux pour les scènes de batailles et sa mise en page plus chargée et dynamique, apportant un rythme incroyable aux combats. Les affrontements au sabre sont parfaitement retranscrits, les postures détaillées immergent le lecteur dans ces combats mortels et témoignent du plaisir de la dessinatrice à les réaliser.
Le tome ne dénote jamais graphiquement, que ce soit dans la retranscription des émotions ou la réalisation de la créature de légendes, son trait est d’une justesse incroyable conférant au tome un réalisme sensationnel.
Cette précision couplée à un découpage cinématographique donne une harmonie à l’ambiance du tome qui enchante le lecteur du début à la fin

Ce nouveau tome de Samurai ravira les admirateurs de la saga, mais saura également séduire les néophytes, car malgré quelques références on peut découvrir le tome sans connaitre l’univers sur le bout des doigts. Les deux auteurs ont rendu une copie quasi parfaite sur ce tome maitrisé qui invite à découvrir rapidement la suite.

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