
Open Bar - 1re tournée Critique de Vivien Arzul
Fabcaro est un extra-terrestre dans le paysage de la bande dessinée, voilà plus de vingt ans qu’il distille ses expériences et surtout son humour à travers des albums qui sont de véritables succès critique et public comme le surprenant Zaï zaï zaï zaï.
À la fois dessinateur et scénariste, il est l’homme qui a remis sur le devant de la scène d’illustre personnage du neuvième art comme Achille Talon ou encore Gai Luron.
Fabcaro nous revient avec Open bar, un album à l’humour mordant et déconcertant.
L’histoire en deux mots :
Lors d’un entretien d’embauche, le recruteur lis les passions du candidat évoquant le jazz, le nazisme ou encore horticulture ornementale. Mais ne retient que l’horticulture ornementale. Voilà ce qu’est Open bar, une suite de gags abordant tous les sujets de société de notre époque pour les dépeindre avec un humour aux multiples facettes.
Le scénario :
Il n’y a pas de récit à proprement dire, mais cela n’empêche pas à l’auteur d’aborder à travers ses gags mordants tous les sujets qui agitent notre société.
Tout y passe : la politique, la télévision, différentes professions et les situations quotidiennes comme un repas en amoureux ou un vol en avion. Il va détourner ces situations avec malice en les mélangeant avec d’autres pour faire naître immédiatement le rire : le vol en avion étant alors bloqué par un tronc d’arbre flottant dans les airs comme une perturbation ferroviaire. Cette absurdité ambiante apporte une atmosphère unique au tome et décontenance dans le bon sens le lecteur.
Certains de ses gags égratignent gentiment l’art en se moquant de publics élitistes montrant qu’ils sont prêts à croire n’importe quoi tant que cela correspond à leurs critères.
Mais derrière l’humour omniprésent, Fabcaro critique en sous-texte certains sujets : Malgré leurs nombreuses années d’études, certains élus ne sont pas fichus d’écrire leurs discours.
Fabcaro a su avec intelligence faire une suite de gags qui reste cohérente dans l’absurdité ambiante pour offrir au lecteur une surprenante récréation.
Le dessin :
Le dessinateur a su trouver un excellent compromis graphique pour mettre le dessin au profit uniquement du propos humoristique. En effet, le dessin très figé fait penser à du roman-photo afin que le lecteur s’attarde uniquement sur le texte et la situation. La répétition des cases accentue ce procédé, le dessin ne devenant qu’accessoire.
Néanmoins, certaines cases qui paraissent semblables de prime abord contiennent souvent un détail qui joue sur le côté comique d’une situation et renforce la puissance humoristique de la page.
Les planches de l’album ayant été majoritairement publié dans Les Inrockuptibles, on comprend l’utilisation de ce trait rapide avec des décors minimalistes pour pouvoir les publier à temps dans l’hebdomadaire. Mais minimalisme ne veut pas dire planche bâclée, les postures des personnages sont très réalistes et montrent la maîtrise graphique de Fabcaro dans la retranscription de la vie quotidienne.
Le tome alterne entre découpages en gaufrier et planches aérées en trois cases. Ce choix graphique donne à la bande dessinée une certaine subtilité qui fait tout son charme.
Open bar n’est pas un album conventionnel, mais il possède le mérite de s’adresser à tous les publics. Son humour décalé et irrévérencieux ravira les amateurs du genre et plaira également aux lecteurs occasionnels.
Fabcaro revient fort avec un album qui lui ressemble. Une orientation unique qu’il maîtrise à la perfection et donne à la bande dessinée contemporaine une délicieuse pépite.