
Assassins (Les) Critique de Jean-Yves Guerre
Vulture City, Arizona.
Un jeune homme pénètre par effraction dans une chambre
du Palace Hôtel. Celle-ci est vide. C’est la chambre n°17. Il en fait rapidement le tour, réfléchit et dépose un pistolet chargé sur le haut d’une armoire.
Le lendemain 3 hommes arrivent dans l’hôtel et prennent possession de la chambre n°17. Armés jusqu’aux dents, ils s’installent prêts à attendre plusieurs heures. Puis, à 13h précises, on frappe à la porte. Un jeune homme entre. Les 3 hommes l’accueillent, le fouillent sans rien trouver, et se mettent à parler affaires. Mais la conversation dégénère et au moment où le jeune homme étend le bras pour saisir le pistolet qu’il avait caché sur le haut de l’armoire, l’arme n’y est plus. L’un des hommes la lui brandit alors sous le nez, moqueur, hilare. Les autres se jettent sur lui…
Chihuahua, Nouveau Mexique, dans un petit ranch paisible. Un couple de fermiers mexicains dort paisiblement. Il manque 2 heures avant l’aube. Tout à coup l’homme endormi est réveillé par le froid du canon d’un fusil contre son visage. Il se lève d’un bond ce qui réveille également sa femme. 3 hommes sont devant eux, armés de pistolets et de fusils. Le trio vide ses armes sur l’infortuné couple. Puis il se dirige vers le logement des vaqueros où il tire froidement sur les hommes à moitié endormis.
Dans la grange, Kit Willer et l’indien Tiger Jack sont réveillés par les détonations. Ils se lèvent en hâte et, jaugeant la situation, interviennent aussitôt, ouvrant le feu à l’encontre du trio. Mais ceux-ci avaient posté 2 hommes de guet qui ont tôt fait de s’interposer en ouvrant le feu sur le fils de Tex et son ami rouge. Touché dans le dos, Kit Willer s’effondre. Tiger Jack est assomé à coups de crosse. Lorsqu’il revient à lui, il se retrouve pendu à une potence, les pieds en équilibre instable sur une barrique menaçant de rouler à tout instant.
Qui sont donc ces hommes impitoyables ?
Quelle est donc cette incroyable association dont ils feraient partie ?
Qui donc est le mystérieux homme qui les réunit à Peoria en Arizona au congrès annuel des armuriers ?
Que fait cette jeune femme voilée qui se fait appeler la veuve et écoute dans la pièce d’à côté les propos tenus lors de la réunion ?
Et que venait faire à Vulture City le jeune homme qui s’est fait prendre ?
Tex Willer, accompagné de son ami Kit Carson, se met sur la piste des assassins de son fils. Les traces sont minces, les indices faibles et les tueurs excessivement prudents.
La poursuite va être longue mais elle nous mènera, nous, lecteurs, de rebondissement en surprise et d’inattendu en imprévisible comme savent le faire habituellement les scénaristes de cette grande saga qu’est Tex Willer.
Après L’attaque du train de Fort Defiance parue il y a quelques mois, c’est une autre très bonne histoire du fameux Ranger que nous offre Semic. Ce héros en est à sa cinquième parution en format album en France (sans compter ceux de chez Erko) ce qui lui va toujours très bien au teint.
Cette fois, le scénariste est Mauro Boselli, un petit jeune qui officie quand même depuis 1994, date où il avait conçu sa première histoire de Tex : Le passé de Carson (parue dans Rodéo n°598 à 601). D’ailleurs Les assassins est sorti en 1998 en Italie.
Mais outre Tex, qu’il partage avec Claudio Nizzi, Boselli œuvre en Italie à l’écriture de bien d’autres séries dont Dampyr, une histoire de vampire d’un genre bien particulier.
Le dessin de cet album est dû à l’espagnol Alfonso Font connu surtout pour ses histoires de science fiction (dont Clarke et Kubrick) et qui a commencé à tenir le pinceau dans les années 60.
On pourra peut-être regretter le talent de grands comme Marcello, Villa ou Civitelli mais Font a cependant son charme et son trait bien à lui d’autant plus qu’il utilise tout de même assez bien le noir et blanc dans cette histoire, mettant en relief le bon profil au bon moment.
Comme l’album précédent, vous ne serez pas déçu, bien au contraire, de cette incroyable aventure de Tex Willer s’étendant quand même sur plus de 220 pages et ayant ainsi le temps de développer une intrigue solide, bien ficelée qui enfle et prend son aise jusqu’à l’épilogue final.