
Motor girl Critique de Vincent Lapalus
Samantha travaille dans une casse automobile en plein milieu du désert, elle aime être seule et a pour seul ami et confident un gorille de 2,20m du nom de Mike. Son seul contact social est sa patronne Libby, une petite mamie très dynamique.
Samantha est une militaire revenue de trois missions sur le sol irakien, et surtout survivante de deux attaques à la bombe. Elle souffre du syndrome post-traumatique dû à l’enfermement et la torture, et ne peut plus mener une existence normale au sein de la société.
Un gentil martien débarque alors au beau milieu du garage qui sert de casse et aura besoin des talents de mécanicienne de Samantha afin de regagner sa planète. Le gouvernement participe aussi à la fête. Est-ce l’invention d’un esprit malade ? L’incroyable s’inviterait-il dans la vie de Sam après des moments d’errance ?
Terry Moore, traite ici de la réhabilitation et de la réinsertion de ces individus fragilisés par les événements avec beaucoup d’humilité et délicatesse, non sans utiliser une dose d’humour pour minimiser la gravité de la chose. A travers Samantha, touchante d’humanité et qui n’a d’autre moyen que de se créer un ami imaginaire pour pouvoir supporter les difficultés de sa condition, évacuer sa colère ou ses blessures physiques et psychologiques, il dresse un portrait humaniste de toutes ces personnes qui reviennent différentes, ayant vécu et vu les atrocités de la guerre. Démonstration de ce que la psyché peut supporter avant de lâcher, son message à travers Motor Girl est de justement faire prendre conscience que l’on doit pas abandonner ces hommes et ces femmes dans la souffrance et leur exprimer un soutien de quelque manière que se soit.
Partie illustration, voici du noir et blanc chez Moore, comme depuis ses débuts sur Stranger In Paradise, Echo et Rachel Rising : un trait réaliste pour Samantha,Mike et quelques êtres humains, très arrondi pour Libby, voire cartoony pour les E.T., mais aussi “naturaliste” dans les lignes d’horizon et les décors désertiques. Une beau dessin extrêmement bien exécuté.
Motor Girl se lit comme une balade de 224 pages, où le réel côtoie la SF. Somme-nous en train de vivre une situation extraordinaire avec Samantha et de sa rencontre du troisième type ? Ou sommes-nous seulement entrain de la suivre dans sa chute mentale, voulant échapper à sa triste réalité ? Seule la lecture de cette aventure en 10 chapitres en format one-shot pourra vous donner la réponse.
Oeuvre soutenue d’une belle morale, avec un message clair et simple, voici un essai sur la prise de conscience qui fait réfléchir, quand le neuvième art peut être sujet à la réflexion et empreint d’humanisme pour mieux exprimer son plein soutien.
Merci Mr Moore !