Kill or be killed 3

Kill or be killed 3 Critique de Vincent Lapalus

17 octobre 2018 - Album 128 pages - Édité par Delcourt

Suite des aventures de Dylan, jeune-homme d’une vingtaine d’années qui a pactisé avec un démon à la suite d’un suicide raté. Pour continuer d’exister, il doit se débarrasser d’un criminel par mois pour ne pas y laisser sa propre vie
Nouvelle pépite du duo Brubaker/Phillips pour ce troisième volume, qui, avouons-le, nous régale une fois de plus avec un bon polar noir teinté de fantastique, comme il a pu le faire avec avec Fatale. Dylan, personnage principal paumé, se transcende dans ce nouveau tome, il devient réfléchi et ne connaît plus la peur et ignore sa psychose. Mais avec cette mutation, le tueur masqué ne devient-il pas comme ses proies ? Froid, méthodique, sa chasse continue et plusieurs interrogations se posent au lecteur.
Ed Brubaker bâtit un récit solide et compose un storyline imparable. L’auteur se sert des allers-retours dans le temps, des cases de pensée pour mieux franchir le quatrième mur et provoquer l’interaction entre Dylan et lecteur. Un bon procédé et une jolie trouvaille pour une plongée totale dans la narration. Quoi de mieux que le polar pour dépeindre sur la nature humaine ? Une belle mise en abîme et, comme toujours chez Brubaker, en fond l’homme et ses dérives. La vie est dépeinte de manière assez dure par le scénariste, et ses personnages ne connaissent que très rarement de happy-ends. Du hard-boiled au summum du cynisme, comme le veut ce type de littérature.
De son côté Sean Phillips n’est pas en reste. Comme pour Criminal, l’artiste opte pour un style réaliste, jouant sur une bonne gestion du noir : sobriété, aisance et beaucoup d’élégance dans le dessin, le tout servi par un magnifique déploiement de nuances de la coloriste Elizabeth Breitweiser. Le récit et l’image sont donc symbiose absolue.
C’est un parcours sans fautes pour ce couple professionnel formé par Brubaker et Phillips. Que ce soit sur du classique, du fantastique, de l’historique, ou du film-noir. Leur relecture du genre policier est calibrée et ne souffre pour l’instant d’aucune faiblesse, c’est un émerveillement à chaque nouveau titre.

Par Vincent Lapalus.
A lire également