Atelier des Sorciers (L') 3
Atelier des Sorciers (L’)

Atelier des Sorciers (L’) 3 Critique de Vincent Lapalus

Parution: 3 octobre 2018
2 éditions recensées
Pour sauver un jeune garçon, Coco a utilisé un sort pour transformer un rocher en sable. Mais catastrophe ! Son sort a eu bien plus de portée qu’elle ne le pensait, et tout le lit de la rivière s’est effondré en conséquence. Coco est accusée (...)

Déjà trois tomes au compteur pour cette histoire d’une jeune demoiselle qui grandit dans un monde où la magie a été abolie par de sages sorciers. Comme à l’accoutumée, la sorcellerie a été employée par surabondance et donc les mages ont décidé d’effacer la mémoire des hommes de manières définitive et collective pour n’être pratiquée que par des sorciers expérimentés et en petit nombre.
Pour le présent opus, Coco sera de nouveau jugée par ses pairs suite une intervention de fortune. Voulant aider un garçon coincé sous une roche près d’une rivière et à la limite de la noyade, son pentacle magique provoque de nouveau une catastrophe. Elle sauve le garçon mais son sortilège modifie inévitablement le relief. Pour la milice magique, c’en est trop et des agents décident de la renvoyer dans le monde des humains avec la mémoire effacée afin d’éviter tout autre accident. L’arrivée de Kieffrey permet à la jeune fille de sortir in extremis d’un jugement un peu hâtif.
Après délibération, Kieffrey repart avec la fillette et décide de mener l’enquête. Et si la confrérie des capuchons, ordre obscur mené par le sorcier masqué qui lui veut étendre la magie de par le monde, était derrière toute une série de catastrophes afin de renverser les sages et la milice pour arriver à ses fins ? Avec la complicité de Coco, à son insu...
Il n’en faut pas plus pour que le magicien se lance dans ses investigations.

Dans ce monde merveilleux, tout est artisanal, de la fabrication de la plume à l’encre en passant par le papier. Kieffrey sent que quelque-chose se trame et veut en avoir le coeur net pour protéger Coco et déjouer un complot plus vaste. Mais lui-même tente de rentrer en contact avec le sorcier masqué pour récupérer ce que la confrérie des capuchons lui aurait pris par le passé. Nous n’en saurons pas plus pour l’instant.
Coco fera la connaissance de Tarta, petit-fils du fabricant d’encre atteint d’une maladie oculaire, qui l’aidera par sa connaissance des plantes à soigner la jeune-fille tombée malade. Tarta futur apprenti de Kieffrey ? Beaucoup de questions restent en suspens.

Kamome Shirahama, auteure à découvrir et surtout à suivre, pose les jalons d’un univers solide, merveilleux et onirique où la magie se pratique d’une nouvelle manière moins conventionnelle mais tout aussi exceptionnelle grâce au dessin. Un bon artisan se perfectionne avec le temps, la pratique et l’expérience, tout comme Coco sera destinée à le faire.
Un apprentissage dans la douleur en l’occurrence mais qui la rendra meilleure et plus forte. Shirahama opte pour un personnage principal qui est jeune, innocente, déterminée, curieuse de la vie, un regard neuf mais rongée par la culpabilité. Les autres apprenties, elles aussi par leurs tempéraments apportent de la diversité. Par leurs différences, de l’altruiste à la flemmarde en passant par la solitaire, un bon panorama s’offre au lecteur. Avec en tête un maître sorcier, énigmatique et charismatique. Tout ce petit monde évoluant dans un monde riche, beau, chatoyant et tout aussi mystérieux.

Côté dessin, Kamome Shirahama lorgne du côté d’artistes tels que Giraud-Moebius et Miyazaki, rien que ça. Son dessin est rempli de hachures, de petits traits pour le volume et l’ombre. Un rendu superbe et précis du travail au trait et une belle représentation de la physionomie des visages et autres expressions, des formes en général, ainsi que dans les décors de villages, les intérieurs des habitations et un soin tout particulier au design des personnages pour les costumes. De l’aveu de l’artiste elle-même, Kamome Shirahama a opté pour un style gravure à l’ancienne dans l’Atelier des sorciers.
L’artiste fait le parallèle entre la magie et le dessin. Pour elle, chaque créateur est quelque-part magicien. Sous sa plume donc, j’espère encore être émerveillé longtemps grâce à la magie graphique jetée sur feuille de Kamome Shirahama et son prodigieux Atelier des sorciers.

Par Vincent Lapalus.
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