
Arbre céleste (L’) Critique de Vivien Arzul
La bande dessinée jeunesse ne se limite plus désormais aux standards imposé par ses illustres pairs comme

,

ou encore

. Nombreux sont les auteurs qui abordent cet exercice différemment, que ce soit graphiquement ou en termes de narration, afin d’offrir aux lecteurs d’aujourd’hui quelques choses qui leur ressemble.
Grégory Saint-Félix l’a bien compris avec son album Arbre céleste (L’). A travers sa bande dessinée, ce dernier a su savamment mélanger les références et les inspirations en tous genres. Cette histoire où les jouets et la sorcellerie se livrent bataille avec humour et intensité, est publié par les éditions Sarbacane qui enrichissent ainsi leur catalogue d’une série haletante et réjouissante.
L’histoire en deux mots :
Dans le jardin d’un quartier résidentiel québécois, les tumultes d’un affrontement ont laissé place au calme habituel. Des jouets tentent courageusement de lutter contre un redoutable envahisseur. Ce dernier est un ours en peluche belliqueux armé jusqu’aux dents, avec pour seule volonté de faire plier les autres jouets défendant le jardin. Cet armée de défenseurs composée de soldat en plastique, livre une bataille impitoyable commandée par le vaillant Krix. Au prix d’un affrontement tumultueux, le général et sa petite armée parviennent à mettre l’ourson à terre. Seulement, ce n’est pas le premier assaut que repoussent Krix, son amie Makoto et Rocky son jeune frère. En effet, la sorcière qui les a transformés en toyz convoite un arbre aux propriétés magiques qui se trouve dans le jardin de Krix et ses jouets, et prépare une nouvelle offensive terrible qui mettra les défenses du jeune héros à rude épreuve.
Le dessin :
Grégory Saint-Félix possède un style graphique collant parfaitement à l’ambiance de son album. Il est à la fois orienté jeunesse et mignon, mais il sait aussi se monter saisissant par la réalisation des méchants. Il est indéniable que le graphisme et la maîtrise parfaite de ce style constitue la grande force de l’album. En effet, avec cet environnement joliet, le lecteur s’attache immédiatement aux personnages qu’ils soient principaux ou secondaires. Les protagonistes essentiels de l’histoire débordent d’influence à travers leurs réalisations : en les voyant, on pense immédiatement au style japonais chibi qui consiste à mettre un adulte à taille enfant pour faire ressortir son côté mignon. On peut observer également que l’auteur doit être influencé par le jeu vidéo et la culture nippone, car on retrouve des codes graphiques du manga.
De plus, Krix possède un peu des airs de Sacha, le héros de Pokémon et Makoto à une boxeuse du jeu Punch Out. La réalisation des divers jouets est accomplie avec adresse et par ce biais l’auteur parle à toutes les générations. La mise en couleur chatoyante de l’album est superbe et correspond parfaitement à l’univers enfantin de la bande dessinée, ce qui lui apporte un dynamisme incroyable. De plus, l’auteur a su articuler son album autour de batailles au découpage efficace et dynamique, pourvu de grandes cases qui convient parfaitement au jeune public.
Le scénario :
Grégory Saint Félix est aussi à l’origine de cette histoire rocambolesque. Cependant, il ne s’est pas contenté d’un simple affrontement entre jouets animés. A l’instar du film Toys de Barry Levinson, l’auteur a su apporter une profondeur étonnante à son intrigue. Tout d’abord en incluant une dimension mystique et extraordinaire avec la sorcellerie qui permet au scénario d’explorer de vastes horizons. Puis le scénariste à su incorporer à cette série jeunesse un enjeu de taille car de leur victoire dépend leur retour à la vie humaine. Cette idée implique le lecteur davantage dans le récit, tout comme le choix de faire vivre cette aventure à des enfants ayant l’âge des lecteurs.
Cet enjeu donne au scénario un relief intense à l’histoire et donne un cachet particulier à cette série jeunesse. Le seul petit bémol à noter est la révélation, pouvant paraître un peu confuse, de la condition de toyz des enfants, car le tome commence d’entrée par une bataille. Néanmoins, cette explication, qui peut sembler tardive, n’entrave rien au rythme ni à la compréhension du récit.
Enfin, l’auteur a pris un soin particulier dans la réalisation de ses personnages afin que chaque lecteur puisse s’identifier à l’un d’entre eux. Que ce soit à travers la personnalité de meneur de Krix, la combativité de Makoto ou encore la candeur de son jeune frère. Toutes ces forces d’âmes apportent un équilibre au récit et montrent la complémentarité des personnages en renforçant ainsi la richesse du scénario.
Battle toyz est un album rafraîchissant qui plaira autant au jeune public qu’aux parents. Avec son histoire intense et riche, ainsi que son graphisme maitrisé, Grégory Saint-Félix montre qu’il est un auteur jeunesse sur qui il faut compter.