Monte Carlo 56 Critique de Thomas Clément

Hommage ou parodie ? Philippe Pinard et Olivier Dauger ont choisi... les deux. Car si le diptyque Zone Rouge fait la part belle aux voitures de courses des fifties, il n’en prend pas moins ses distances avec les poncifs de la bande dessinée des années cinquante. Sur le papier pourtant, rien de bien révolutionnaire. Le rallye de Monte Carlo sera l’occasion de voir s’affronter Porsche Carrera 1500 GS et Citroën DS 19 flambant neuve, et leurs pilotes, dans un duel sans merci. Un rapide coup d’oeil aux premières pages ne vous mettra pas plus sur la bonne voie : ici l’école de Bruxelles chère à Hergé, Jacques Martin et Jean Graton est à l’oeuvre, avec la clareté et la rigueur graphique qu’il convient.

Mais finalement, quelques détails mettent la puce à l’oreille. Le héros, Laurent Beaumont, se permet des écarts de conduite en fréquentant une femme mariée plutôt conciliante. Le séducteur, aussi doué pour le pilotage que pour ses tentatives auprès de la gente féminine, n’aurait pas pu figurer au sommaire de nos hebdomadaires bien pensant des années cinquante. Et la conclusion de cette histoire en deux volumes remettra tout le monde à sa place pas une belle pirouette, aussi réjouissante qu’inattendue. Tout le sel de cet hommage vibrant et sincère à la grande époque de la bande dessinée mécanique sans peur et sans reproche est bien là : un décalage intelligent et assumé d’un genre un peu désuet.