
Terres basses (Les) Critique de Capitaine Carotte
Au rythme effréné d’un album par an, les cinq héros de "Seuls" entament déjà leur septième tome, deuxième d’un second cycle suivant un premier de cinq volumes. Vous suivez toujours ?
La guerre de territoire qui a eu lieu entre le clan de Dodji et celui de Saul a peut être abouti à l’irréparable : les enfants se sont aventurés dans la zone des cairns rouges, qui s’est enfoncée dans le sol. Pris au piège, le temps de l’alliance entre les ennemis est arrivé, afin de se sortir de ce mauvais pas, car des phénomènes de plus en plus étranges et inquiétants se produisent : enfants zombis, fantômes et brouillard renfermant des créatures rampantes tous bien décidés de s’emparer des rescapés des deux bandes.
Après un premier cycle un peu en forme de "Guerre des boutons" moderne et carrément plus violente que l’originale, la série dévie de plus en plus vers le fantastique et zieute même de plus vers les heures glorieuses de la "Twilight zone" (le titre du tome 6 "La quatrième dimension et demi" ne peut d’ailleurs pas être plus clair niveau référence). Très bon point pour le renouveau de "Seuls" qui commençait à tourner un peu en rond en se basant quasi exclusivement sur la rivalité avec le clan du requin. Point renforcé par le fait que les auteurs prennent l’espace nécessaire pour ne pas expédier la fin de l’album comme c’est souvent le cas en BD : ils nous fournissent un 54 pages, soit 8 de plus que les canons habituels de l’album cartonné.
On espère que les questions, toujours plus nombreuses, finiront par trouver des réponses et que "Seuls" ne tombera pas dans l’écueil de nombre de séries fantastiques (que ce soit BD ou télé) où les éléments irrationnels restent inexpliqués (oui, je pense à "Lost", dans la même veine que la série de Vehlmann et Gazzotti).
Graphiquement c’est du Gazzotti pur jus, très punchy tout en restant facilement abordable pour le très grand public, on regrette simplement que la foultitude de personnages principaux ou secondaires ne lui laisse plus la place de dessiner du "vide" (sic), on entend par là les rues vides, les véhicules et les bâtiments, cette impression de solitude qui fonctionnait à merveille dans les premiers tomes, mais qui a du être sacrifiée sur l’autel des rapports et discussions entre les personnages toujours plus nombreux.
Le communiqué de presse indique "un thriller lisible à partir de 8 ans", on émet de sérieuses réserves sur cette (non-) restriction. Grossièretés et violence sont de plus en plus présentes au fil des tomes, et si les premiers numéros étaient plutôt bon enfant, difficile de conseiller la série aux moins de 10/12 ans. Passé cet âge, "Seuls" est une lecture incontournable dans la BD grand public, et ce tome 7 ne déroge pas à la règle.