Polina Critique de Mathieu Siam de l’association 9eme Art En Vienne

Bastien Vivés est un génie, un virtuose du crayon. Il reçoit en 2009 du haut de ses 25 ans, le prix révélations pour Le goût du chlore. Vivés, c’est d’abord un trait. Un trait léger, aéré, unique et reconnaissable...Ensuite c’est un explorateur de narration. Il raconte des petits moments de la vie en utilisant des effets de style, comme celui de voir uniquement à travers les yeux du narrateur (Dans mes yeux) ou l’utilisation de la webBD (Les autres gens..). Mais pour ne pas s’enfermer dans un style trop intimiste, il dessine un péplum aux frontières de l’histoire et de la SF (Pour l’empire). Si personne ne remettait en cause le potentiel de cet auteur de la nouvelle génération, il lui manquait toutefois une histoire solide pour faire un chef d’œuvre. C’est chose faite avec Polina. Cette bd retrace le parcours d’une jeune danseuse russe de 6 ans à sa vie de jeune femme. Le lien avec son professeur se construit au fil des pages parfois dans la douleur, parfois dans la désillusion, parfois dans la confiance. Vivès sème des bribes de notions universelles comme l’amour, le respect, la jalousie,le talent, la lâcheté, la peur, la grâce ou l’orgueil, qui mèneront inexorablement à accomplissement de la danseuse. Une œuvre belle et intelligente.