
Junk story Critique de Thomas Clément
Cinq histoires, dont la plus longue donne son titre au recueil, de l’un des auteurs nippons les plus réputés dans le domaine érotique ? Voilà une bonne raison de revenir sur ce volume à l’automne dernier. Bien sûr, les aficionados du maître savent qu’ils vont y retrouver les situations scabreuses et les scènes spectaculaires que le fameux Oh ! Great aime tant à mettre en image, mais ceux-ci sont déjà convaincus, et il y a fort à parier que ce volume figure déjà sur les rayons de leurs bibliothèques. D’autant plus que, publié dans un format plus confortable que les mangas habituels, Junk Story bénéficie visiblement d’un traitement de faveur de la part des éditions Asuka, avec ses huit premières pages en couleur reprenant quelques couvertures gentiment osées)
Au-delà du fait que ce manga est bel et bien réservé à un public averti (mineurs et âmes sensibles, passez votre chemin !), il faut reconnaître que cette petite anthologie possède quelques qualités pour l’amateur de bande dessinée. Plongeant, au gré des histoires, dans la science-fiction (l’histoire Junk Story, qui donne son titre au recueil, fait penser à l’univers de Masamune Shirow, mais les cyborgs de Oh ! Great révèlent des pulsions beaucoup plus humaines que ceux d’Appleseed), le quotidien (Ma Belle est simplement l’évocation d’une très chaude journée d’été), le futur proche (avec Le type le plus musclé du monde), la magical girl délurée (L’héroïne de l’Apocalypse) ou le polar (Un amour d’été), cette compilation est aussi l’occasion de mesurer l’étendue du style graphique de l’auteur, qui sait naviguer entre le cyber-punk, le shojo classique et le seinen. On pourra évidemment parler du manque d’unité graphique et scénaristique de ce livre, mais ce qui pourrait être considéré comme un défaut s’avère finalement être une qualité : en bande dessinée, comme dans bien des domaines, la variété et le pluralisme sont souvent synonymes de réussite. Ce volume en est un exemple.