
Comix Club 11 Critique de Thomas Clément
Petite déception dans le monde de la critique bd, la revue trisannuelle Comix Club tire sa révérence avec son onzième numéro. Pas de quoi de répandre en lamentations, même si cela coïncide avec l’arrêt de la version papier de la revue Neuvième Art, mais tout de même, cette annonce s’accompagne d’un petit pincement au cœur ! Il va nous manquer, ce ton acide, parfois un peu provocateur, comme lorsque David Turgeon ressort de ses archives une lettre du fondateur de l’Association publiée dans le courrier des lecteurs de l’hebdomadaire Spirou. Sa copieuse digression de 14 pages, s’appuie sur le fait que le jeune Jean-Christophe Menu (il n’a alors que onze ans) annonce dans son courrier compter Khéna (Le Scrameustache) et Les Petits Hommes parmi ses héros préférés, ce qui ne manque pas de sel quand on sait de quelle manière ces deux séries sont à présent considérées par le héros de la nouvelle bande dessinée.
L’entretien de vingt pages avec Alec Longstregth, Kazimir Sttzepek et Dash Shaw, réalisé par Jean-Paul Jennequin lors de l’édition 2009 du festival d’Angoulême, est quant à lui l’occasion de faire le point sur la bande dessinée indépendante aux États-Unis, et en particulier l’évolution de l’auto-édition avec l’apparition de service d’impression à la demande comme lulu.com, tandis que Julie Delporte se livre à une analyse très argumentée de La maison close, une œuvre collective pilotée par Florent Ruppert et Jérôme Mulot et aui a donné lieu à une exposition au FIBD la même année. Et si la star habituelle de la revue est bel et bien présente (BSK, se livre notamment à une étude comparée de trois albums dont l’action se situe dans la ville d’Hyères et occupe à lui tout seul dix-sept pages), il faut aussi saluer le petit bilan de ces six ans (et onze numéros) du Comix Club établi par Évariste Blanchet. Dans son article intitulé Tout reste à faire (ou presque), le journaliste s’y interroge sur la prochaine étape de construction d’une véritable revue critique consacrée à la bande dessinée. Et l’on espère que, si le créateur de la remarquable revue Bananas se pose la question, c’est peut-être parce qu’il en entrevoit la réponse. Espérons-le en tout cas.