La réponse de l’ACBD aux propos d’Alain Finkielkraut dénigrant la bande dessinée

Les philosophes font habituellement preuve de recul et de retenue. Aussi lorsque Alain Finkielkraut proclame qu’il n’a pas de temps à perdre pour ce qu’on appelait autrefois les illustrés, ajoutant pour ceux qui n’auraient pas tout compris que La beauté des livres, c’est qu’ils sont sans images et qu’ils offrent ainsi libre carrière à l’imagination [1], on peut penser à un petit coup de fatigue de la part du penseur, qui livre là une opinion totalement réactionnaire et fausse.
L’Association des Critiques et Journalistes BD a immédiatement réagi en adressant sa réponse au quotidien Libération dès le 28 janvier, mais devant l’absence de réaction de l’organe de presse, elle vient d’en publier l’intégralité de son courrier sur son site. Affaire à suivre ...
[1] Libération du samedi 26 janvier 2008




Je voudrais dire que la réaction de l’Association des Critiques est tout simplement insensée. Il est inutile monter en bloc au créneau parce que quelqu’un aurait eu l’audace de dénigrer la bande dessinée. S’insurger contre de telles paroles c’est accréditer l’idée qu’il y a un secteur de l’activité créatrice qui se situe d’emblée hors de toute critique ou de tout rejet ; après tout, c’est faire preuve de Pensée Commune étriquée que de ne pas admettre que la bande dessinée peut être ou détestée ou simplement négligée. Que je sache, on ne s’insurge pas quand tel ou tel dit que l’Opéra l’ennuie et l’endort, ou qu’il trouve Casse-Noisettes vraiment casse-noisettes. Nul n’est obligé d’aimer la bande dessinée, nul n’est obligé d’aimer le cinéma, etc. Et quand les amateurs de bande dessinée ne se sentiront pas offensés dès qu’un individu déclare ne pas aimer la même chose qu’eux— alors on pourra parler sérieusement.
J’ajoute que je n’aime pas la bande dessinée mais que j’aime certains auteurs de bande dessinée. Et pareil pour le roman, la poésie, le théâtre, le cinéma, la chanson...