Où le regard ne porte pas T1 (Georges Abolin & Olivier Pont) - Dargaud

Publié le mercredi 13 août 2008 par Clémence Bequet. Mis à jour le 13 août 2008 à 04h16.

Résumé : Où le regard ne porte pas est une création originale de Georges Abolin et Olivier Pont. Dans le premier tome de ce diptyque assez atypique, on part à la rencontre de quatre enfants, Lisa, Paolo, Willie et Nino, réunis par les circonstances dans un petit village d’Italie. William vient juste d’emménager avec sa famille, et bientôt Lisa réunit autour d’elle les trois garçons, en dépit de l’animosité qui règne entre les villageois et les nouveaux arrivants. Les enfants découvrent un étrange lien entre eux, ils sont nés le même jour, et partagent des expériences étranges lors d’une sorte de transe mystique. Il semble que ces enfants étaient destinés à être réunis, mais c’est sans compter sur la réaction des villageois qui pourrait tout bouleverser.

Avis : Le lecteur part à la découverte d’un petit village de pêcheurs d’Italie, un endroit quelque peu rustique, où les étrangers sont violemment rejetés, et doivent subir les vexations et vengeances des natifs du village. C’est dans ce climat hostile que se développe l’amitié entre les quatre enfants, Paolo et Nino tous deux natifs du village, et Lisa et William, des « étrangers ». Le scénario s’épaissit et gagne en mystère au fil de l’album, alors que l’on découvre l’étrange lien qui relit ces enfants, un mystère encore renforcé par les coupures dans le récit qui laisse place à plusieurs reprises à deux planches hors narration. La vérité n’est pas encore révélée au lecteur qui devra lire le tome deux du diptyque pour que tout s’explique enfin. Le scénario mêle donc éléments historiques concrets, avec la description précise du petit village et l’attitude vraisemblable de ses habitants, et éléments qui relèvent presque de l’ésotérisme, avec les phénomènes encore inexpliqués qui se produisent dans le récit. Le mélange est réussi et tient le lecteur en haleine du début de l’album jusqu’à la fin, cependant beaucoup de choses restent en suspens dans ce premier tome, et on pourrait être un peu déçu d’une telle profusion d’indices, sans aucun moyen d’élucider le mystère.

En ce qui concerne le dessin, la simplicité est au rendez-vous, une simplicité qui confère une grande force au trait. Le dessin est tellement expressif qu’il n’y a parfois besoin de nul dialogue, des planches entières en sont dénuées. Cette retenue participe au dynamisme du scénario, le lecteur n’est pas agressé par une profusion de détails inutiles, mais est au contraire invité à se laisser porter par les lignes simples et les couleurs lumineuses. L’univers graphique de Où le regard ne porte pas est donc très agréable, et fonctionne parfaitement avec l’atmosphère du scénario, qui oscille entre mystère et découverte d’un monde.

Un album très intéressant donc, mais qui ne se suffit pas à lui-même, ce qui est évidemment compréhensible, puisque c’est le premier tome d’un diptyque. Cependant on se plonge avec plaisir dans cet univers graphique reposant, se laissant porter au gré des aventures et émotions de ces quatre enfants tellement ordinaires, et pourtant exceptionnels.

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